Je suis un monstre. J'ai la chair atrophiée, le regard livide. J'ai le coeur qui s'accélère quand un train traverse une gare, j'aime cet instant, le regard fixe et le défilement des wagons, puis le souffle de vent dans le sillon. Frémissement, et calme.

J'aime les visions de calme et de silence, plus que tout j'aime la nuit, la nuit silence, la nuit solitude. Dans une ville aux milles reflets ou dans une campagne reculée, sensation de mort dans la civilisation... Apocalypse et désert, nuit tombante, gris descendant préfigurant l'obscurité. La nuit accompagnée, la nuit avec un visage, sourire et balade, la nuit ivre. La nuit grise, le ciel pesant et l'air lourd.

Je sens encore ses mains sur mes fesses, remontant, parcourant ma chair flasque, me retournant je les sens sur mon torse, il s'arrête, me pince doucement, je tremble, je ne bouge pas, je n'entends même plus mon coeur, je suis apaisé, anormalement apaisé, ma respiration est calme, je n'ai pas peur. Sa main n'est pas humide, elle a l'assurance de celui qui sait. Et il sait, ça me rassure, ça me révolte, il sait trop, beaucoup trop.
Je ne suis rien, je suis un monstre. Un bouton, deux boutons, je sens sa main glisser sur mon entre jambe, je veux que ça s'arrête, je le veux et ne fait rien. Je le repousse. Je veux que tout se poursuive,  je le repousse. J'attrape sa main pour la reposer sur mon ventre. Je suis un monstre, mon coeur ne bat toujours pas, je n'entends rien, il déglutit, j'entends ses déglutissement régulier, il est serein, j'emprisonne sa main. Il soupire. Je suis un monstre et mon coeur ne bat plus. Il soupire. Je suis un monstre.

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